Actuellement, les techniques les plus utilisées sont :
- la reconstruction par cartilage costal autologue
La reconstruction par cartilage costal autologue est une technique développée par Tanzer dans la fin des années 50. Elle fut reprise par Brent selon quatre étapes, dans les années 80 et actualisée par Nagata en deux étapes depuis 1992.La technique développée par Brent comporte quatre temps opératoires. Dans un premier temps, on effectue le prélèvement des côtes controlatérales à l’oreille à reconstruire. Les premières côtes flottantes sont sculptées, puis assemblées en une maquette reproduisant la forme tridimensionnelle complexe du pavillon. Celle-ci est placée sous la peau rétroauriculaire. Le deuxième temps opératoire permet la transposition du lobule, fréquemment positionné en avant de sa place habituelle. La troisième étape permet la construction du tragus en utilisant une greffe composée de peau et de fibrocartilage prélevés sur le mur postérieur de la conque opposée. Finalement, le dernier temps est consacré au décollement de l’oreille. Un recouvrement par une greffe de peau totale prélevée sur la face interne du bras ou dans le pli inguinal est mis en place dans le nouveau sillon rétroauriculaire.
Cette technique fut reprise par Nagata dans les années 90 et simplifiée en deux temps opératoires. Dès le premier temps, le lobule est transposé sur la maquette de cartilage qui a été insérée sous la peau et le tragus est directement intégré à la maquette. Il en résulte une combinaison des trois premiers temps opératoires de Brent en une seule étape. Elle comporte pour avantage une diminution du nombre d’anesthésies pour le patient avec un résultat tout aussi satisfaisant (figure 2).
- Reconstruction par implant Medpor
Le Medpor est un implant de polyéthylène poreux. Il est utilisé depuis les années 90 dans la reconstruction de la tête et de la face, et également en chirurgie esthétique telles les augmentations du menton ou les rhinoplasties.Il possède comme propriété physique une excellente biocompatibilité. Jusqu’à ce jour, il n’a pas été observé de réactions allergique, antigénique ou carcinogénique. Ce matériau est non résorbable et reste stable au cours des années. Les implants en Medpor sont facilement façonnables grâce à leurs propriétés thermoplastiques. De plus, il a été observé une néovascularisation au sein de ses pores mesurant entre 100 et 200 μm, améliorant son intégration.
Pour remplacer le cartilage auriculaire manquant, une maquette préfabriquée en Medpor est utilisée. Celle-ci est composée de deux parties distinctes qui sont facilement assemblées par thermocollage avec une pincette bipolaire (figure 3)
- Autre options :
Epithèse
Une alternative aux reconstructions chirurgicales peut être proposée lorsque la chirurgie n’est pas souhaitée. Les épithèses sont des prothèses en silicone fixées sur des implants à ancrage osseux. Ces derniers sont implantés en anesthésie locale. Une hygiène quotidienne des implants est nécessaire pour éviter tout risque de surinfection locale. Ces prothèses sont sujettes à la décoloration et doivent être remplacées tous les deux ou trois ans (figure 6).
Surdité unilatérale et agénésie du conduit auditif externe
La microtie peut s’accompagner d’une agénésie du conduit auditif externe, ainsi que d’une malformation ossiculaire.
Cette malformation se reconnaît par une sténose ou une absence de conduit auditif externe. A cela peut s’ajouter une fusion des osselets. Les enfants présentant une surdité unilatérale ne requièrent pas de chirurgie sur le plan auditif ni d’appareillage tant que l’oreille controlatérale possède une audition normale. En effet, l’oreille saine compense le côté atteint et il n’y a pas de retard dans l’acquisition du langage.
En cas de surdité bilatérale, un appareillage audioprothétique peut être proposé :
- Le BAHA (Bone Anchored Hearing Aid) est un dispositif permettant la réhabilitation des surdités de transmission par conduction osseuse, au travers d’un implant en titane fixé en région mastoïdienne (figure 7).
- Le système Soundbridge est un implant de l’oreille moyenne qui transmet directement les ondes sonores sous forme de vibrations au niveau des structures de l’oreille moyenne. Ce système n’est pas compatible avec les IRM (figure 8).
Un enfant présentant une microtie doit bénéficier d’un examen minutieux à la recherche d’autres anomalies associées
> Un bilan audiologique et une imagerie doivent être effectués afin de détecter des atteintes associées du conduit auditif externe, de l’oreille moyenne ou de l’oreille interne
> Une reconstruction du pavillon peut être envisagée dès l’âge de cinq ans, voire quatre ans, si l’enfant est coopératif